Principaux thèmes de placement à surveiller aux États-Unis
02 juin 2025- Remarques à jour sur les États-Unis et le Canada
- Principaux thèmes de placement aux États-Unis à moyen terme
- Cerner la réunion de la BdC de cette semaine
- Stratégie de portefeuille
1). Nouvelles récentes et remarques sur les États-Unis
a.) Les tarifs douaniers élargis sur l’acier/l’aluminium prévus à l’article 232 (de 25 % à 50 %) entreront en vigueur mercredi.
Il ne faut pas oublier que les enquêtes parallèles du Service du commerce en vertu de l’article 232 sur d’autres secteurs (bois d’œuvre et cuivre) sont en cours depuis près de 90 jours. Nous nous attendons à entendre parler de ces secteurs dans les prochains jours.
b.) Le Sénat américain reprend ses activités cette semaine. La priorité sera accordée au projet de loi sur les impôts et les dépenses, remanié par le Sénat et adopté par la Chambre.
c.) Les commentaires formulés durant la fin de semaine par les représentants de la Fed, M. Waller et Mme Daly, pointent toujours vers la nécessité de réduire les taux au cours des prochains mois.
d.) Quelques semaines à peine après que les deux parties eurent déclaré une trêve temporaire, les États-Unis et la Chine s’accusent maintenant mutuellement de ne pas respecter l’accord.
2). Principaux thèmes de placement aux États-Unis
Nous avons relevé quelques-uns des thèmes de placement à long terme les plus importants à surveiller aux États-Unis.
a.) Que se passe-t-il concernant les tarifs visés par l’International Emergency Economic Powers Act (IEEPA)?
Jeudi, la Cour d’appel a statué que les États-Unis pouvaient continuer de percevoir les tarifs en vertu de la loi sur les pouvoirs d’urgence, pendant que le processus d’appel pour la décision rendue mercredi par le Tribunal de commerce international des États-Unis se poursuit. Rappelons que les tarifs visés comprennent les suivants :
- les tarifs de base de 10 %
- les tarifs réciproques par pays qui devraient entrer en vigueur le 9 juillet;
- les tarifs de 20 % sur les importations chinoises en raison du « fentanyl » (ces tarifs seront de 135 % le 9 août);
les tarifs de 25 % sur les biens qui ne sont pas conformes à l’Accord Canada – États-Unis – Mexique.
Selon nous, le maintien de la décision initiale du Tribunal de commerce international des États-Unis aurait trois répercussions :
Premièrement (et c’est ce qui est le plus évident), le pire scénario de tarifs extrêmement élevés et généraux est partiellement réduit. À elle seule, cette évolution est constructive, mais elle risque d’être évincée en raison des autres répercussions.
Deuxièmement, compte tenu de la perte des revenus prévus de l’IEEPA, l’équipe du président Trump devrait renchérir autrement. Par exemple, relever les tarifs douaniers sur l’acier/l’aluminium à 50 % semble (en partie) une solution à la possibilité que la perception des tarifs en vertu de l’IEEPA soit éliminée de façon permanente. Parmi les autres possibilités, mentionnons l’élargissement de la portée de l’article 232 (tarifs sectoriels pour des motifs nationaux), l’application de l’article 122 (tarifs douaniers de 15 % pendant 150 jours) ou 301 (utilisés auparavant pour les importations chinoises).
Une autre possibilité est que M. Trump cherche à inclure les taxes sur la valeur ajoutée dans les impôts étrangers applicables en vertu de l’article 899 sur les services numériques (et autres impôts du pilier II de l’OCDE).
Tout compte fait, il semble que les marchés accordent plus d’importance à la deuxième répercussion, ce qui signifie que l’optimisme initial suscité par la décision du Tribunal de commerce international des États-Unis de mercredi s’est probablement estompé. Du moins à court terme.
b.) Où en sommes-nous avec le « One Big, Beautiful Bill » et l’article 899 du projet de loi de la Chambre?
Nous nous attendons à ce que les modifications apportées par le Sénat favorisent une diminution de certaines déductions fiscales ainsi que des réductions supplémentaires des dépenses. Mais avant même d’envisager de telles mesures, le projet de loi de la Chambre n’aura probablement pas l’effet attendu pour stimuler la croissance aux États-Unis.
Par exemple, selon le projet de loi, le déficit primaire devrait s’élever à 614 G$ d’ici la fin de 2026. Cependant, la majeure partie du manque à gagner en revenus sera comblé par des réductions supplémentaires de 346 G$ US par la Tax Cuts and Jobs Act. Sans celles-ci, les États-Unis subiraient de toute façon la plus forte hausse d’impôt de l’histoire.
Par conséquent, nous ne sommes pas convaincus que le projet de loi (dans sa forme actuelle) stimulera suffisamment la relance pour que la Fed reporte la prochaine baisse de taux à 2026, comme certains le font maintenant remarquer. En effet, deux baisses de taux de la Fed semblent être un bon point de départ pour les projections cette année.
À notre avis, les appuis en faveur de l’article 899 sont suffisants au Congrès. Ainsi, nous nous attendons à ce qu’il figure dans le projet de loi définitif, si ce n’est du simple fait que la recherche de sources de revenus devient de plus en plus un enjeu après la décision du Tribunal de commerce international des États-Unis. Comme nous l’avons écrit la semaine dernière, il s’agit d’une évolution baissière pour les marchés américains, étant donné que les États-Unis sont le plus important débiteur net au monde. Il ne fait aucun doute que les investisseurs étrangers exigeront une prime plus élevée pour investir dans des actifs américains si la guerre commerciale se transforme en guerre de capitaux.
c.) Que nous disent les données aujourd’hui?
Quelques événements marquants ont été observés la semaine dernière.
- Les revenus des particuliers ont augmenté de 0,8 % sur un mois en avril, en grande partie grâce aux transferts (principalement de la sécurité sociale). Les dépenses n’ont pas suivi, n’augmentant que de 0,2 % sur un mois, ce qui a fait en sorte que le taux d’épargne (à 4,9 %) a atteint son niveau le plus élevé sur 12 mois.
Parallèlement, les dépenses personnelles de base s’établissent à 2,5 % sur 12 mois, contre 2,9 % il y a quelques mois et sont maintenant à leur plus bas niveau depuis le début de 2021.
Dans un monde sans tarifs douaniers et projets de loi inclus dans le budget, le ralentissement marqué des dépenses de consommation de base amènerait les gens à envisager une possible réduction de taux par le Federal Open Market Committee en juin. Malheureusement, il n’est pas question de transactions ou d’investissements dans ce monde, et le scénario le plus probable est que la prochaine réduction ait lieu à l’automne.
Cette semaine, nous obtiendrons des renseignements importants sur le volet emploi du mandat de la Fed. Ces renseignements viseront l’indice JOLTS (mardi), ADP (mercredi) et les emplois non agricoles (vendredi).
d.) Il y a aussi la question du dollar américain.
Le Financial Times a publié un article à ce sujet pendant la fin de semaine (lien ici), mais la répartition des corrélations traditionnelles entre le dollar américain et les obligations du Trésor américain et les actions constitue un enjeu de taille pour les investisseurs étrangers.
En effet, l’exposition au dollar américain était synonyme d’une certaine stabilité ces dernières années. Cependant, sa corrélation de plus en plus positive avec les actions (et sa corrélation inverse avec les obligations du Trésor) a augmenté pendant le trimestre, ce qui signifie que l’exposition au dollar américain ne procure plus un avantage de diversification. Ainsi, les ratios de couverture pourraient augmenter, ce qui devrait se traduire par une hausse des ventes du dollar américain.
Essentiellement, les approximations de marché concernant le positionnement en dollars américains sur le marché à terme montrent des positions vendeur nettes proches de leurs plus importants niveaux des dernières années.
2). Nouvelles récentes et remarques sur le Canada
a.) Au premier trimestre, le PIB (en données annualisées) s’est établi à +2,2 % sur un trimestre par rapport aux estimations de +1,7 %. Cette hausse-surprise découle de la forte contribution du commerce net, mené par les exportations d’automobiles et de machines industrielles.
Cependant, si l’on exclut la contribution des exportations nettes et des stocks, la demande intérieure finale s’est établie à -0,1 % sur un trimestre, soit le taux annualisé le plus faible enregistré depuis un certain temps.
La faiblesse se fera sentir au deuxième trimestre, mais le transfert du premier trimestre est un peu mieux que prévu en raison de la vigueur des données.
b.) Qu’est-ce que cela signifie pour la réunion de la Banque du Canada de mercredi?
Les marchés ne s’attendent plus à une baisse pour cette semaine, même si les attentes consensuelles des économistes (par l’intermédiaire de Bloomberg) penchent en faveur d’une baisse. C’est la première fois depuis un certain temps que cela se produit.
Cependant, nous sommes d’avis que les derniers points de données (l’IPC d’avril et le PIB du premier trimestre) feront pencher la balance en faveur d’un statu quo. Bien entendu, on pourrait facilement se reporter aux récentes données sur l’emploi (données de l’Enquête sur la population active, en avril, et de l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures, en mars) pour justifier une autre réduction, mais la Banque maintiendra probablement son approche en indiquant que de nouvelles réductions de taux pourraient se profiler à l’horizon si les capacités excédentaires du marché du travail continuent de croître.
En effet, les marchés canadiens des swaps indexés sur le taux à un jour anticipent une probabilité de réduction de près de 50 % pour les réunions de juillet et de septembre de la Banque. À la lumière de ce que nous savons maintenant, nous pensons que c’est juste.
3). L’OPEP+ augmentera l’offre
À titre de rappel, l’OPEP+ a annoncé samedi qu’elle continuera d’accélérer les hausses de production pour un troisième mois consécutif (juillet). L’augmentation sera de 411 000 barils par jour, ce qui signifie que la production de l’Arabie saoudite sera de 9,5 millions de barils par jour, tandis que celle de la Russie sera de 9,2 millions de barils par jour.
Implicitement, on indique un changement de politique. Notamment, que les membres les plus importants du groupe ne réduiront pas la production si d’autres ne respectent pas leurs plafonds.
Les contrats à échéance rapprochée du WTI/Brent ont tous deux augmenté rapidement cette semaine, se répercutant partiellement dans le cours.
4). Stratégie de portefeuille
a.) Avant une semaine très chargée, qui sera riche en données et en décisions importantes des banques centrales, nous choisissons de garder le cap.
Pour reprendre nos points de la semaine dernière, nous voyons toujours de la valeur dans la durée aux États-Unis (principalement les obligations à 10 ans). Cela sera particulièrement évident si les données publiées aux États-Unis cette semaine (JOLTS, ADP, emplois non agricoles) sont inférieures aux attentes. Cependant, nous avons choisi de nous tourner vers le ZUAG plutôt que le ZTL, en raison de son exposition plus élargie aux taux américains. Les deux ont relativement bien fait la semaine dernière et nous entrevoyons toujours des risques de hausse à court terme.
Les placements de base actuels comprennent : ZDB, ZBI, ZUQ, ZLB, ZDI, ZGLD, ZGI et ZLSU.
b.) Points de vue sur les actifs
Catégorie d’actif |
Points de vue |
Remarques |
Actions |
Légèrement baissier |
|
Titres à revenu fixe |
Neutre |
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Placements non traditionnels |
Légèrement haussier |
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Taux de change ($ CA) |
Légèrement baissier |
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c.) Points de vue sur les régions
Région |
Points de vue |
Remarques |
Canada |
Neutre |
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États-Unis |
Légèrement baissier |
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EAEO |
Légèrement haussier |
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Marchés émergents (Chine) |
Légèrement haussier |
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Marchés émergents (hors Chine) |
Légèrement baissier |
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